Ces remarques sur la grossesse dont je me serais passée
Cette semaine dans Earworm, la complainte d’une femme enceinte.
Cela fait un petit bout de temps que je n’ai pas écrit dans cette newsletter. Janvier est passé très vite entre, notamment, un déménagement et les dernières semaines de boulot avant mon congé maternité. J’ai entamé ce dernier il y a quelques jours et je me retrouve face à la perspective vertigineuse de ne plus avoir de travail pour occuper mon esprit et de voir approcher l’une des échéances les plus étourdissantes de ma vie (il y a quelques nuits, j’ai rêvé que je me baignais dans la Manche et devais prendre ma respiration avant d’être engloutie par une énorme vague, j’aime quand ma psychée est aussi transparente).
Si je vous raconte un peu ma vie, c’est parce que cette newsletter a pour seule ligne éditoriale de refléter mes obsessions du moment. Et mes obsessions en ce moment, outre l’aménagement de mon appartement, sont ma grossesse, l’accouchement qui approche et le post-partum que j’anticipe. Je ne prévois pas pour autant de transformer cet espace en chronique sur la parentalité (d’autres, comme mes camarades de Quoi de mum, le font bien mieux que moi). Mais avant de revenir à la culture, j’avais envie de parler un peu de ma découverte d’un aspect bien connu de la maternité : tout le monde a des commentaires, des opinions ou des conseils à prodiguer sur votre situation.
Je vous propose donc un petit florilège de ces remarques que j’aurais aimé voir rester à l’état de pensées dans la tête de leur auteur.
Avant de me lancer, je dois quand même préciser que j’ai la chance d’être extrêmement bien entourée. Souvent, les remarques listées partent d’un bon sentiment et j’ai sans doute déjà moi-même dit certaines d’entre elles (ou d’autres peut-être pires) sans y penser.
« Oh mais arrête ! J’ai une amie qui s’est pris une cuite / a mangé un ceviche alors qu’elle était enceinte et tout va bien ! »
Cette phrase est généralement prononcée alors que vous venez de vous inquiéter de la teneur en alcool d’un plat mijoté ou de la pasteurisation d’un fromage. Les débuts d’une grossesse s'accompagnent d’un nombre impressionnant de nouvelles informations à retenir et de nouvelles restrictions à intégrer. Les contraintes alimentaires peuvent être stressantes pour certaines (c’était mon cas) et pas du tout pour d’autres. Chacune vit cette période et ses spécificités à sa manière.
Ce qui n’est jamais utile, en tout cas, c’est de tourner en dérision les inquiétudes de quelqu’un face aux nombreuses injonctions médicales en la comparant à votre amie / cousine / collègue qui était, elle, bien plus cool et détendue. (En général, même quand cela part d'une bonne intention, mieux vaut éviter de comparer les femmes enceintes de votre entourage.)
« À mon époque, on ne se préoccupait pas de tout ça »
Attention, voici la nouvelle phrase préférée de votre mère, éberluée par votre régime alimentaire ou vos inquiétudes autour des perturbateurs endocriniens. Vous pouvez lui rappeler qu’à « son époque » on fumait encore dans les avions ou que la ceinture de sécurité n’était pas obligatoire.
« C’est que le début ! »
Si annoncer sa grossesse, c’est rejoindre le club des « darons », sachez que vous n’en êtes pour l’instant qu’un membre honoraire. Les parents qui ont plus de bouteille vous regardent avec nostalgie et indulgence et se font, pour certains, un malin plaisir à souligner votre naïveté. Vous vous plaignez d’être crevée ? Ce n’est que le début ! L’épuisement que vous ressentez n’est rien face à ce que les prochaines années vous réservent.
J’ai toujours eu du mal avec les concours de loose et ce genre de remarques ne fait pas exception. J’ai bien compris qu’être parent est épuisant et que je risque de me transformer en zombie privé de sommeil pendant plusieurs années. Mais ces commentaires de vieux vétérans blasés ne rendent pas la grossesse moins fatigante, au contraire.
« J’ai un truc super pour toi ! »
Mes amies mamans ont été, en réalité, une grande source de conseils et réconfort, en plus d’être très généreuses avec les affaires de grossesse / bébé dont on pouvait avoir besoin. Mais quand mon mec a débarqué un jour, tout fier et enthousiaste, avec un sac d’affaires tachées, en taille 8 ans, qu’une collègue lui avait refilées, j’ai un peu eu l’impression d’être devenue une ressourcerie un après-midi de déménagement.
« C’est génial que tu allaites, c’est hyper important pour l’enfant »
Des mots prononcés par votre oncle / cousin, qui n’a bien sûr jamais allaité, voire même jamais eu d’enfants. Que les choses soient claires, si vous n’êtes pas dotés d’un utérus et de canaux lactifères, vous n’avez pas de commentaires ou d’opinions à partager sur la grossesse, l’allaitement, ou le post-partum. Et ce, que ce soit pour approuver ou critiquer les choix de la personne enceinte assise en face de vous.
« Ça ne se voit pas »
C’est LA phrase que j’ai le plus entendue pendant les sept premiers mois de ma grossesse. J’avoue qu’au départ, en bonne enfant des années 90, j’étais flattée. Mais au fil des semaines, alors que je ressentais avec de plus en plus de force tous les changements corporels et que j’étais focalisée sur la bonne santé de mon bébé, entendre ce commentaire à répétition m’a un peu rendue folle. Jusqu’à me demander si ma grossesse était normale.
Je sais que nombreuses sont celles qui connaissent le phénomène opposé et d’autant plus violent : un flot de remarques culpabilisantes sur une prise de poids considérée comme trop importante (par le corps médical ou votre belle-mère). En général, s’abstenir de commenter le poids d’une personne enceinte est une bonne règle à suivre.
« Tu verras, c’est entre Verdun et une poissonnerie »
Mieux vaut garder pour vous vos récits d’accouchement en mode film d’horreur pendant cette période. On a bien assez de raisons de stresser à l’idée d’expulser un être de plus de trois kilos de notre vagin sans avoir besoin d’entendre les détails sur l’hémorragie de votre cousine Catherine ou l’épisio ultra traumatisante de votre collègue Martine.
Je vous laisse en espérant trouver le temps de rattraper mon retard culturel et revenir vers vous très vite avec de nouvelles recommandations. Pour patienter, un morceau du dernier album de Bad Bunny qui me remplit de joie (et je ne suis clairement pas la seule).
Félicitations Marie !
Je suis maman d’une petite fille de 15 mois et j’ai l’impression d’avoir vécu toutes les situations que tu décris, j’en partage en tout cas les ressentis. Le pire de mes souvenirs est celui d’une collègue qui, chaque fois qu’elle me croisait, me réduisait à ma situation de femme enceinte en m’enchaînant direct avec des conseils que je n’avais pas demandés et pire, que je n’avais pas envie d’entendre. Chaque grossesse est unique car chaque femme est unique. Pareil pour l’accouchement. Courage pour cette dernière ligne droite et la suite sera également unique car les bébés sont tous différents :) c’est autant fatiguant qu’ennivrant. Hâte de lire ta prochaine newsletter et d’écouter le prochain épisode d’amies ! Bravo pour ce que tu fais.
Toutes mes félicitations! Ah les joies des commentaires pendant la grossesse, l'allaitement ...et après... Perso ca commence à dater un peu (numéro 2 a maintenant 3 ans)... mais certaines sont encore bizarrement bien vivaces... Une petite pensée pour les repas en mode shaming général dans la belle famille car "non je ne mangerai pas de saumon fumé ni de Mont d'or, et non ce n'est pas parce que je suis tendue...ni une psychopathe"
Mais effectivement il est possible qu'en tant que """vétéran""", on essaie parfois maladroitement d'aider en partageant des trucs qui nous aurait été bien utile à nous... Mais le truc, c'est que parfois si ca nous a été utile à nous, ca ne veut pas dire que ca l'est pour les autres, ou surtout PAS A CE MOMENT LA!! ;-)
bon courage pour les changements à venir et ENJOY ;-)