Fatigue électorale et petites obsessions
Cette semaine dans Earworm : élections américaines et plateaux de cantine coréens.
J’ai un énorme prisme américain. Biberonnée au cinéma et à la télé 100% US, j’ai passé toute mon adolescence à rêver de New York et de Californie. J’ai fini par vivre huit ans aux États-Unis. J’ai étudié là-bas, travaillé là-bas, voyagé là-bas, été en couple là-bas, bâti une vie là-bas. Les travers des Américains m’exaspèrent et m’amusent. Leurs excès me fascinent. Et leur vie politique me passionne.
C’est l’élection d’Obama, que j’ai vécue dans une soirée d’expatriés américains à Bordeaux, qui m’a convaincue de devenir journaliste. Mon tout premier article, publié un an plus tard, était un reportage à un meeting du Tea Party de l'État de Washington, où j’étudiais alors. Plus tard, les grands moments politiques ont ponctué ma vie new-yorkaise, de la réélection de Barack Obama (vécue dans les salons du parti républicain local où je couvrais les résultats) au délire de la candidature Trump. Le soir de sa victoire, je présentais les pauses “food” de la soirée électorale de BuzzFeed, retransmise en direct sur Twitter. Rien de mieux qu’être filmée en train de faire des chicken fingers pour vivre la fin de l’illusion démocratique américaine.
Les mois après l’élection de Trump ont été peuplés de manifestations et de réunions entre démocrates déprimés pour trouver des moyens d’agir. Puis, la vie a repris son cours et je suis rentrée en France. Depuis mon retour, le seul moment où j’ai ressenti le mal du pays (si l’on peut utiliser ce terme pour un pays qui n’a jamais vraiment été le sien) a été lors de l’élection de Biden, quand les rues de Brooklyn ont explosé de joie.
Tout cela pour dire que j’ai un rapport très affectif à la vie politique américaine. J’avoue même une certaine dose de niaiserie. J’ai longtemps bu la grandiloquence démocrate d’À la Maison Blanche comme du petit lait. Encore aujourd’hui, donnez-moi un discours exaltant d’Obama et j’oublie tout esprit critique quant à son bilan.
Mais la fatigue fait son œuvre et j’ai de plus en plus de mal à ne pas lever les yeux au ciel face aux grandes envolées lyriques et au storytelling à l’œuvre dans la com’ politique outre-Atlantique. Comment continuer d’estimer un système qui génère des monstres tels que Trump sans jamais vraiment se remettre en question ? Comment admirer la classe dirigeante d’une nation parmi les plus émettrices de CO2 au monde, qui ignore complètement ce sujet lors de la campagne ? Comment s’exalter devant des responsables de gauche incapables de toute fermeté face à un allié qui bombarde des civils ?
Ce qui me passionne et m’enthousiasme toujours, en revanche, c’est le travail de certains pour faire bouger les choses au niveau local (ce n’est sûrement pas un hasard si j’ai choisi de revoir Parks and Rec en ce moment). En Alabama, par exemple, des activistes ont mené un long combat contre le gerrymandering (le charcutage électoral) pratiqué par les républicains de l’État pour étouffer le vote noir. Grâce à leurs efforts, une nouvelle circonscription pourrait basculer du côté démocrate lors de ces élections et peut-être garantir une majorité au parti à la Chambre des représentants. J’ai écrit plus en détails sur la deuxième circonscription de l’Alabama pour Le HuffPost : parler à quelqu’un qui œuvre à son niveau, sur le terrain, était bien plus galvanisant que tous les discours des leaders démocrates qui nous bassinent avec la liberté américaine ⬪
Nouvelle passion TikTok : les repas des cantines coréennes
Depuis quelques jours mon fil TikTok est peuplé de vidéos détaillant le contenu ultra appétissant des plateaux des cantines coréennes (entreprises et lycées confondus). Rien n’est plus apaisant que de voir s’aligner des rangs de kimchi et de pickles dans des compartiments bien délimités.
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À l’écran :
Anora (en salles)
J’ai adoré le dernier film de Sean Baker, que j’ai trouvé bouleversant, beau, et étonnamment drôle.
Culte (Prime Video)
Certes, beaucoup d’aspects de la série sont risibles quand on sait que c’est Alexia Laroche-Joubert elle-même qui l’a produite et s’y est donc offert le rôle principal. Mais c’est très bien foutu, et plus marrant et addictif que 99% des séries françaises.
Promis, je vous envoie bientôt la newsletter de recettes cosy que je vous ai promise. Un avant-goût pour patienter : ce chili signé Alison Roman et publié dans sa newsletter. J’ai testé la version longue, qui requiert au moins trois heures de cuisson (mais peu d’efforts au-delà de ça) et c’est vraiment délicieux. À très vite !
Holala si tu as une recette parfaite de brownies, je suis preneuse j'en cherche une !