J’ai 35 ans, suis-je trop vieille pour Taylor Swift ?
Cette semaine dans Earworm : les délires adolescents de ma chanteuse préférée se heurtent à mon grand âge.
Depuis quelque temps, je me demande si je ne suis pas un peu trop âgée pour autant aimer Taylor Swift. La pensée m’a d'abord effleurée lorsque j’ai pris conscience que mes collègues fans de la chanteuse avaient dix ans de moins que moi*. Elle a fait son chemin quand j’ai été abreuvée de tweets délirants sur la relation entre “Taytay” et Travis Kelce (l’algorithme me confondait-il avec une adolescente obsédée par Wattpad et les friendship bracelets ?). Elle a fini de s’ancrer en moi quand une connaissance de mon âge a réagi à mon coming out de Swiftie par un “mais t’es pas un peu vieille pour ça ?”.
Comme le nom de l’un de ses albums l’indique, Taylor Swift est pourtant née en 1989 et connaîtra donc cette année, elle aussi, la décrépitude des 35 ans. Mais malgré son grand âge à l’état civil, la chanteuse garde (contrairement à moi) l’aura d’une adolescente.
À 35 ans, j’échange des messages passifs-agressifs avec mon proprio et je m'interroge sur le nombre d'ovocytes qu'il me reste. Taylor, elle, parcourt la planète en jet privé et entame une relation avec un footballeur qui ne sait pas épeler le mot “écureuil”. Je passe mes dimanches aprem à faire le ménage en sortant des phrases comme "c'est fou à quel point la poussière revient vite !". Taylor assiste aux matchs dudit footballeur avec toutes ses copines, s’enfile des vodka cranberry dans des gobelets en plastique et quitte les lieux en décapotable.
Quand je suis tombée sous le charme des chansons de Taylor Swift, à la sortie de Red, nos réalités étaient plus alignées (malgré des niveaux de richesse et de notoriété quelque peu différents). J’avais 24 ans à New York et l’impression de vivre au centre du monde. Je me reconnaissais dans cette grande gigue dégingandée, dans son enthousiasme un peu crispant, dans son absence de rythme sur le dance floor, dans ses amitiés féminines parfois factices et dans son romantisme à toute épreuve.
Ses albums ponctuent ma vie depuis. 1989, écouté en boucle lors des pré-soirées dans ma coloc de Brooklyn. Reputation, débattu entre collègues dans les bureaux de BuzzFeed. Lover, qui a servi de bande-son à mon premier été de retour en France ; Folklore et Evermore, d’évasion entre deux confinements ; Midnights, de soupape pendant une période professionnelle difficile. J’avais, jusqu’à sa récente adolescentite aiguë, le sentiment de grandir avec Taylor Swift.
Et c’était justement son brio. En dépit de sa notoriété, Taylor a toujours su préserver un lien intime avec ses fans, qui ont le sentiment, malgré leur nombre, de faire partie d’un club exclusif. Son omniprésence médiatique cette dernière année et sa relation avec Travis Kelce, digne d’un cliché adolescent, ont, en ce qui me concerne, brisé un peu de ce charme.
Mais je serai au rendez-vous, demain, pour découvrir son nouvel album, The Tortured Poets Department (un titre tout droit sorti, lui aussi, de mon journal intime de troisième). J’espère que ses paroles sauront me transporter comme elles l’ont toujours fait. Qu’elles réussiront à me faire replonger en adolescence. Mais qu’elles parleront parfois aussi à la senior que je suis ⬪
Pour celles et ceux qui connaissent peu ou pas Taylor Swift, je vous laisse avec ma playlist d’introduction, grâce à laquelle j’ai déjà converti plusieurs personnes.
*Ce phénomène s’explique aussi par le fait que la chanteuse a longtemps été ignorée en France. Elle n’est devenue célèbre qu’après plusieurs albums, auprès de générations plus jeunes que la mienne.
35ans aussi et même réaction face à ce changement de TS
J’avoue que je suis passée complètement à côté du phénomène: une chanson par ci par là sans plus. À la fin de cette lecture, j’avoue que je vais lui laisser sa chance :)