Le meilleur de la romcom
Cette semaine : de "Vacances Romaines" à "Phantom Thread", mes comédies romantiques préférées.
Chose promise, chose due : voici ma sélection des meilleures comédies romantiques de tous les temps (rien que ça !). Ma définition du genre va peut-être faire débat, mais toutes ces œuvres ont en commun de parler d’amour et d’en parler avec humour.
Sans plus attendre, dans le désordre…
New York-Miami, de Frank Capra (1934)
Un road-trip au cours duquel une riche héritière fugueuse croise le chemin d’un journaliste bourru qui va lui apprendre *la vraie vie*. Cette merveille de Frank Capra, avec Claudette Colbert et Clark Gable dans les rôles principaux, a lancé la mode des comédies loufoques des années 1930 et reste un modèle pour beaucoup des romcoms qui ont suivi. C’est aussi l’un des très rares films à avoir remporté les cinq plus prestigieux Oscars (film, réalisation, scénario, acteur, actrice).
Punch-drunk love, de Paul Thomas Anderson (2002)
L’été dernier, j’ai invité mon amie Madeleine à une rediffusion de ce film, que je lui ai vendu comme une « super romcom ! ». Si j’en crois son air meurtri, ma description laissait à désirer. Alors oui, cet ovni signé Paul Thomas Anderson est aussi stressant qu’un message vocal urgent de votre généraliste. Mais c’est aussi une étrange et merveilleuse exploration de ce que l’amour peut faire à un homme – ici, Barry (Adam Sandler), un gentil loser qui vit à la fois la pire et la meilleure semaine de sa vie. Et comment ne pas aimer un film qui parvient à rendre la phrase « I want to scoop out your eyes and I want to eat them and chew them and suck on them » bizarrement romantique (si, si, je vous jure) ?
Moonstruck, de Norman Jewison (1988)
Nicolas Cage au top de son intensité. Cher au top de sa chevelure. Et Brooklyn au top tout court. Que demande le peuple ?
Chungking Express, de Wong Kar Wai (1994)
Je suis folle de ce diptyque amoureux, filmé par Wong Kar Wai dans le Hong Kong pré-rétrocession des années 1990. Avec une grosse préférence pour la seconde moitié, douce et solaire. Faye Wong (star de la pop en Chine) y joue une jeune serveuse un peu chtarbée qui tombe sous le charme d’un policier incarné par Tony Leung (on la comprend). Pour le séduire, elle se rend chez lui en cachette et fait… le ménage. Et le film parvient à rendre ça mignon plutôt que rétrograde.
Pretty Woman, de Garry Marshall (1990)
Je sais, je sais… Ce film est un pure produit du capitalisme et a une vision réac du travail du sexe et des rapports de genre. Mais le charisme de Julia Roberts et Richard Gere annihile chez moi tout esprit critique. Ils sont beaux, ils sont sexy, ils font du shopping sur Rodeo Drive et l’amour sur un grand piano. Désolée d’être basique, mais je n’ai besoin de rien d’autre.
Indiscrétions, de George Cukor (1940)
The Philadelphia Story en VO. J’en parlais dans la dernière newsletter, cette comédie de George Cukor fait partie des films de « remariage », conçus pour contourner la censure puritaine des années 1930 à Hollywood (le code Hays). Katharine Hepburn, qui à l’époque du tournage était considérée comme un « poison pour le box office » après une série de bides, a relancé sa carrière en incarnant Tracy Lord, une socialite hautaine (clin d’œil à la réputation de l’actrice) sur le point de se remarier. Quelques jours avant la cérémonie, elle voit son machiavélique mais très charmant ex-mari (Cary Grant) débarquer avec un journaliste de tabloïd (James Stewart) pour ruiner l’union. Je vous laisse découvrir la suite.
Dans le même genre : L’Impossible Monsieur Bébé, excellente comédie loufoque où l’on retrouve Katherine Hepburn et Cary Grant, ici accompagnés d’un léopard.
Comment se faire larguer en dix leçons, de Donald Petrie (2003)
Dans le genre comédie romantique débile des années 2000, on peut difficilement faire mieux que ce concentré de mesquinerie. Comme la plupart des productions de cette décennie, le postulat de départ est absurde : Benjamin est un connard de publicitaire qui veut décrocher le contrat d’un diamantaire et doit donc prouver qu’il « comprend » les femmes en réussissant à en conquérir une en dix jours. Andie est journaliste dans un magazine féminin, qui rêve d’écrire des trucs sérieux sur l’Afghanistan mais doit d’abord faire ses preuves en rédigeant une chronique intitulée « comment se faire larguer par un mec en dix jours ». Elle va tout devoir faire pour le dégoûter, il devra tenir bon coûte que coûte. C’est délicieusement con, souvent très drôle et le duo Kate Hudson-Matthew McConaughey fonctionne à merveille.
Dans le même genre : La Proposition, avec Sandra Bullock et Ryan Reynolds. Autre produit des années 2000 avec une intrigue qui défie tout entendement mais dont le charme opère malgré tout.
Beaucoup de bruit pour rien, de Kenneth Branagh (1993)
Les comédies romantiques sont l’objet d’un tel mépris qu’on a souvent tendance à oublier leurs origines. On trouve dans cette pièce de Shakespeare, jouée pour la première fois en 1612, de nombreux incontournables du genre, y compris une dynamique devenue depuis un cliché : le duo d’ennemis qui se découvrent amants. La version de Kenneth Branagh, où l’acteur britannique campe le rôle de Benedict et Emma Thompson celui de Béatrice, est particulièrement réussie. J’ai découvert le film quand j’avais à peine 7 ans, ma mère en avait une copie en VO sous-titrée. Même sans comprendre tous les dialogues, j’étais tombée sous le charme. Vingt-huit ans plus tard, je le revois toujours avec autant de plaisir.
Dans le même genre : une autre adaptation (modernisée celle-ci) d’une comédie romantique de Shakespeare : Dix bonnes raisons de te larguer, qui transpose l’intrigue de La Mégère apprivoisée dans le Seattle de la fin des années 1990.
Vacances Romaines, de William Wyler (1953)
Ce film, qui a révélé Audrey Hepburn, est le meilleur remède anti-coup de blues. L’actrice y joue une princesse en visite officielle à Rome, qui fugue pour fuir ses responsabilités. Son chemin croise celui d’un journaliste prêt à tout pour décrocher le scoop du siècle (oui, le postulat de départ est largement pompé sur New York-Miami). Ensemble, ils explorent la capitale italienne en Vespa, mangent des glaces sur la place d’Espagne et dansent au bord du Tibre. Un joyau d’évasion, avec une fin douce-amère rare pour une romcom.
Dans le même genre : Sabrina, avec Audrey Hepburn qui joue une Américaine avec des rêves plein la tête et une magnifique garde-robe Givenchy.
Love and Basketball, de Gina Prince-Bythewood (2000)
Dans la liste des figures emblématiques de la romcom, on oublie trop souvent un nom : Sanaa Lathan, la star de Brown Sugar et Love and Basketball. Une négligence due au fait que l’actrice (tout comme la majorité de son public) est noire. On peut aisément (et légitimement) reprocher aux romcoms leur manque de diversité – à voir la liste des films des années 2000, on croirait l’amour réservé aux blonds aux yeux bleus. Mais il suffit de chercher un peu plus loin que du côté des grosses productions hollywoodiennes pour découvrir d’autres horizons. Love and Basketball raconte une histoire d’amour entre deux voisins, de l’enfance à l’âge adulte. Avec une passion commune : le basket. C’est mignon, grisant, et la tension sexuelle est au rendez-vous.
La Garçonnière, de Billy Wilder (1960)
On avait couvert ce classique de Billy Wilder dans la saison d’AMIES sur les œuvres romantiques et il y avait eu débat sur la nature du film. Certains le trouveront trop mélancolique pour le ranger parmi les romcoms. Mais La Garçonnière rassemble les éléments que j’aime le plus dans les chefs-d'œuvre du genre : une écriture mordante, des scènes inoubliables (meilleure technique d’égouttage de pâtes), et des acteurs bouleversants de charme (Shirley MacLaine et Jack Lemon). Et puis, quoi de plus romantique que deux âmes seules, broyées par le capitalisme moderne, qui trouvent un peu de tendresse et d’humanité l’une auprès de l’autre ?
Dans le même genre : Diamants sur canapé, avec un autre duo de New-Yorkais mélancoliques.
Quatre mariages et un enterrement, de Mike Newell (1994)
Coup foudre à Notting Hill est considéré comme le chef d'œuvre du scénariste Richard Curtis mais j’ai plus d’affection pour sa première collaboration avec Hugh Grant. L’acteur y campe pour la première fois un type de personnage qui deviendra un cliché de sa filmographie : l’Anglais un peu coincé qui n’a pas conscience de son charme. Mais le plus gros point fort du film, c’est l’enterrement – un élément étrangement absent de la majorité des comédies romantiques !
Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson (2017)
Certains seront peut-être surpris de voir Paul Thomas Anderson apparaître une nouvelle fois dans cette liste mais je suis folle amoureuse de ce film et il s’agit, à mes yeux, incontestablement d’une romcom. Car si les codes du genre ont été débattus, il y a quelques éléments sur lesquels tout le monde s’accorde : pour qu’un film mérite cette étiquette, il faut qu’il soit drôle, romantique et, qu’après moult rebondissements, le couple central ait une fin heureuse. L’humour de Phantom Thread est certes sombre et acerbe, mais il n’en est que plus efficace. L’histoire d’amour est féroce, parfois morbide, à l’image de ses personnages, et c’est justement ce qui la rend si fascinante. Quant à la fin, je choisis de la voir heureuse : il y a quelque chose de beau à observer cet homme obsédé par le contrôle enfin apprendre à lâcher prise.
Dans le même genre : La Secrétaire, avec Maggie Gyllenhaal et James Spader, partage l’originalité, la surprenante tendresse et le petit côté BDSM de Phantom Thread.
Clueless, d’Amy Heckerling (1995)
Je triche un peu car Clueless est plutôt une comédie adolescente et un récit initiatique. Mais c’est aussi l’adaptation modernisée d’Emma, de Jane Austen, l’une de mes histoires d’amour (entre autres) préférées. Surtout, je vis depuis plus de vingt ans une passion tenace avec la garde-robe de Cher, et si ça, ce n’est pas romantique, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Dans le même genre : Si vous voulez une dose d’Emma, la version de 2009 de la BBC, avec Romola Garai dans le rôle-titre, est classique mais géniale. Si vous cherchez plutôt une bonne comédie adolescente, je recommande la brillante Easy A, avec Emma Stone.
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet (2001)
Oui, le film est jaune pipi et il dégouline de bons sentiments. Mais je m’en fous, je l’aime. Et, comme toute personne avec un cœur qui bat, je ne me lasserai jamais de voir Nino et Amélie réunis à la fin.
Dans le même genre : Clairement, je l’assume beaucoup moins, mais j’ai vu Ensemble, c’est tout un nombre inavouable de fois.
Quand Harry rencontre Sally, de Rob Reiner (1989)
S’il ne fallait en garder qu’une, ce serait celle-là. L’écriture de Nora Ephron, le Manhattan de la fin des années 80, le charme de Meg Ryan, les sapins de Noël traînés dans la neige, les névroses de Billy Crystal, les balades au Met Museum, le regard en coin de Carrie Fisher, les sandwiches des delis new-yorkais, les références à Casablanca... Et cette déclaration finale. Ce film est ma sérotonine, je pourrais le consommer par intraveineuse.
Dans le même genre : Vous avez un message, aussi écrit par Nora Ephron, avec Meg Ryan, Tom Hanks et mon quartier préféré de New York (l’Upper West Side) dans les rôles principaux.
Je vous laisse avec l’une de mes scènes cultes de Quand Harry rencontre Sally (comme l’héroïne, je suis high maintenance). On se retrouve la semaine prochaine. En attendant, dites-moi quelles sont vos romcoms préférées !
Harry et Sally, mon film doudou.
Mais…mais…on ne laisse pas Dirty Dancing dans un coin !!!! (complètement naouche d'ailleurs).
(Je viens de repenser, dans les films romantiques, à L'Aventure de Madame Muir, un film de 1947 où une mère célibataire (jouée par Gene Tierney) tombe amoureuse...d'un fantôme de marin (joué par Rex Harrison). J'en garde un bon souvenir!)